Le syndrome de la jauge vide

Je croise tant de personnes à bout d’énergie en ce mois de janvier. A cela se rajoutent les épidémies hivernales, les maux de dos, les accidents… Les corps souffrent et lancent des appels à l’attention et au soin.

Pourtant, quand l’épuisement ou la maladie nous gagne, notre premier mouvement, c’est de se dire : « Mince, c’est la tuile. J’ai des choses prévues, des engagements, des obligations… Comment vais-je faire ? ». Et le plus simple en apparence, c’est de passer en force pour continuer d’avancer. Notre corps nous dit : « S’il te plait, j’ai besoin de ton attention », « J’ai besoin d’un peu de temps pour me remettre ». Et nous, à coup d’antidouleurs, nous lui répondons : « Tais-toi, arrête de m’embêter ».

Pourtant, notre humeur s’en ressent. Le climat est plus tendu, les disputes et les conflits démarrent plus vite. Les enfants nous agacent, nous leur tombons dessus plus facilement et nous nous en voulons. Nous aurions besoin de remonter notre jauge d’énergie et nous nous retrouvons encore plus à fond de cales. Et plus nous sommes fatigués, rincés… moins nous avons la force de faire autre chose que de continuer à l’identique. C’est souvent là que des problèmes supplémentaires surviennent. Notre voiture, notre chauffage, notre téléphone, notre machine à laver – au choix – nous lâchent comme par hasard à ce moment précis. Nous avons l’impression que la vie nous en veut et s’acharne contre nous.

Si cela arrivait à un ami, que ferions-nous ? Nous lui dirions : « Ralentis, ne tire pas sur la corde, repose-toi, lâche-prise… ». Mais nous avons du mal à être notre propre ami. Reporter un rendez-vous, rentrer chez soi un peu plus tôt, rester sous sa couette, prendre un jour de congé… nous paraît comme le bout du monde. « Je ne peux pas », « c’est inenvisageable », me dit-on souvent de prime abord en accompagnement. Nous nous croyons libres, mais à coup de « marche ou crève » et de culpabilité, nos tyrans intérieurs règnent en maîtres.

Il faut dire que nous avons peu d’exemples autour de nous de personnes qui respectent vraiment leurs besoins primordiaux : le repos, les temps de guérison, l’équilibrage de l’énergie… Les approches de bien-être se déploient et c’est formidable, mais elles sont encore majoritairement pratiquées comme des parenthèses d’une heure ou deux dans une vie trépidante. Le reste du temps, pour beaucoup, c’est la course, parfois jusqu’à l’épuisement.

Prendre soin de soi est encore aujourd’hui dans nos sociétés un acte pionnier. Et comme tout acte pionnier, il demande du courage pour sortir de la norme ambiante, agir en accord avec son for intérieur, traverser des peurs et des culpabilités, se confronter à des jugements, les siens et ceux de l’extérieur…

Je crois pourtant que notre monde a beaucoup plus besoin d’hommes et de femmes qui apprennent à s’aimer vraiment que de performeurs aliénés à la course ambiante. Heureusement, il reste la terre pour nous montrer l’exemple. Prenons le temps de la regarder dans les champs. En hiver, elle se repose, elle reconstitue ses forces pour que, plus tard, au printemps, les graines puissent y puiser leurs substances nutritives et grandir.

Prenons de temps en temps, ces moments pour guérir et soigner notre terre.  Revenus à jauge pleine, nous pourrons alors apporter le meilleur de nous à notre entourage et offrir à ces enfants qui grandissent dans une société stressée et stressante l’exemple de personnes réellement responsables d’elles-mêmes.

Avec toute mon amitié,

Emmanuelle

Crédit photos : Pixabay – Mathieu Horn – Pixabay

Partager :

2 Comments

  1. Elisa

    c’est magnifiquement vrai.
    Moi aussi je me sent comme une graine qui hiberne avant de fleurir au printemps! et je ne me rappelais plus qu’on a le droit de se reposer! merci de ce message!
    Antonia E.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.