Ecoute le murmure de tes rêves

Je me suis autorisée un rêve d’enfant. Apprendre à tourner l’argile pour en faire des bols, des tasses, des saladiers…

Ma grand-mère était originaire du Berry dans le Sancerrois. J’avais des souvenirs étoilés de nos virées chez les potiers des environs. Au bout d’un chemin creux, en pleine campagne, surgissait une maison avec son atelier plein de promesses. Une fois passée la porte et les yeux acclimatés à la pénombre, nous découvrions les dernières créations, la magie des formes et des émaux. Nous repartions toujours avec quelques merveilles. C’était un de ces rituels d’enfance qui vous nourrissent toute une vie.

« Il est grand temps de rallumer les étoiles » Guillaume Apollinaire

Longtemps, j’ai rêvé d’apprendre à tourner la terre. Longtemps, ce rêve est resté sagement rangé dans le carton des choses que l’on remet à plus tard. Il y a quelques temps cependant, à la faveur du ralentissement de mon rythme de vie, mon âme s’est mise à murmurer le chant de la terre. C’était subtile au démarrage, mais cela revenait encore et encore, comme un refrain qui ne vous lâche pas.

Et puis un jour, le murmure a pris de la voix pour me dire « Et si tu t’inscrivais à un cours de céramique ? ». Mon mental mû par la peur s’en est immédiatement offusqué : « Comment ! Mais tu ne peux pas te le permettre ! Tu es en train de construire ta suite professionnelle, tu as besoin d’être focalisé, de ne pas te disperser… ».

Pourtant, les signes sont arrivés pour se mettre à danser avec mon âme. J’ai eu vent d’un atelier près de chez moi.

Mon mental a résisté de plus belle : « Non, non, non, ce n’est pas possible ! Et le coût ? Tu y as pensé au coût ? » Ce dialogue intérieur a commencé à me pomper l’énergie. Mon mental ne manquait pas d’arguments à coup de vieilles croyances : « La vie, ce n’est pas une partie de plaisir, jeune fille ». « Aller vers ta joie va finir par t’attirer des ennuis ».

Mes mains me disaient autre chose. Elles se sont mises à parler. Rien que de penser à l’argile, je les sentais devenir pleines d’énergie. Lorsque je posais mon attention sur elles, je pouvais presque sentir leur attente de la terre, leur envie de modeler.

Un jour, j’ai pris le taureau par les cornes. C’était la journée des associations et l’atelier proposait des essais. Je décidai de m’y rendre. Cela a sans doute l’air anodin vu de l’extérieur. Ça ne l’est pas lorsqu’il s’agit d’un rêve de vie. Il faut vraiment du courage pour ne pas se soumettre au vécu d’impossibilité, voire d’interdit, au jugement sur soi, à la peur du jugement des autres, au confort de ne rien changer, de ne pas se lancer…

(c) “The tale of the Two Dragons” – Overwatch

Le mental est redoutable. Il sort l’artillerie lourde, il bataille bec et ongles. Il sait qu’il va perdre une part de l’emprise qu’il a sur nous, un bout de son territoire. Il faut alors le dompter, lui dire qu’on entend ses peurs et ses colères et y aller quand même ! Transgresser l’interdit sans attendre. Ce qui se joue à l’intérieur de soi, c’est un combat archétypale. Nous sommes le héros, le Prince face au Dragon. Et il s’agit de montrer qui est le maître. De traverser les feux malgré la peur.

 

Sans rien lâcher, je fis la queue pendant une heure pour pouvoir faire ma séance d’essai. C’était sur un parvis au milieu d’une quinzaine de personnes en train d’observer. La vie teste notre détermination dans ces cas-là…

Et je m’assis devant le tour.

C’était comme si je connaissais cette posture. Je me suis sentie bien, forte même. Je trempai mes mains dans l’eau et je les posai sur ma première balle d’argile. Ma future professeure, Fernanda m’indiqua les mouvements, me guida au travers des différentes étapes, prenant la relève souvent pour m’aider… Je perdis complètement la notion du temps et la conscience des personnes qui m’entouraient et qui me regardaient faire mes premiers pas. Je ne me souviens même pas de la fin. Lorsque j’émergeai, j‘atterris de nouveau sur le parvis, surprise et ravie. Je me sentais revenir d’un grand voyage… autour de la terre. La certitude s’était déposée en moi. J’allais apprendre à tourner l’argile.

Alors, voici la leçon de vie que j’ai tirée de cette expérience. Quand nous avons un rêve et qu’il nous semble inaccessible, que notre mental nous souffle mille raisons de laisser tomber, que nous sommes pris par la peur et les tensions rien qu’à l’envisager, la clé c’est d’attraper la queue du cerf-volant ! Autorisez-vous un petit essai, donnez-vous le droit de goûter le rêve dans un format plus réduit et moins définitif. Cela rassure le mental. Vous rêvez de vivre dans le Sud ? Programmez-vous un week-end dans le Sud par mois pendant trois mois. Vous rêvez d’apprendre à faire du cheval ? Faites une séance d’essai. Vous rêvez de devenir ébéniste ? Inscrivez-vous à un cours du soir. Les plus grands chemins ont toujours démarré par un premier pas ! Alors, go !

Je me réjouis d’avance pour vous :-))) Avec toute mon âmitié, Emmanuelle

Tous mes remerciements à ma professeure Fernanda Justina de http://www.temps-de-terre.com et à l’atelier Ecart-Type de Chaville https://ecart-type.jimdo.com

Et quelques mois plus tard… c’est moi qui l’ai fait !!!!!!!!!!

 

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