Bouquets de fleurs, orchidées et spiritualité

Il fut un temps quand les bouquets se fanaient dans mes vases. Reçus ou achetés le week-end, je les découvrais le samedi suivant, tout flétris, l’eau un peu croupie, dégageant cette odeur lourde déjà putride. Je me souviens de mon étonnement. Quoi ? La semaine est passée, trépidante, et te voilà déjà fini ? Avec un brin de tristesse, j’entreprenais le grand nettoyage, la remise en ordre. Les fleurs coupées en morceaux et jetées à la poubelle. Le vase nettoyé, rincé et replacé sur l’étagère.

Le monde ne mourra jamais par manque de merveilles mais uniquement par manque d’émerveillement. G.K. Chesterton

La vie échappe à l’homme pressé. Pris dans sa course folle, il n’a pas le temps et la disponibilité intérieure pour percevoir la magie de l’instant, la poésie de quelques fleurs qui s’ouvrent et révèlent leur beauté. Lorsqu’enfin il revient à lui, il revient en lui, le sablier s’est écoulé et la beauté s’en est allée.

Depuis que j’ai ralenti le rythme de ma vie, j’apprends à cultiver jour après jour cette attention au moment présent, cet émerveillement devant la beauté subtile à portée de mes yeux, de mes oreilles, de mon nez, de mes mains, de mes papilles…

Laissez-moi vous parler de mes deux orchidées sur le rebord de la fenêtre de la cuisine. Je me réjouis de les sentir si heureuses, inondées de lumière mais protégées du soleil. Je les regarde lorsque je fais un brin de vaisselle et lorsque je fais chauffer la bouilloire et que la vapeur d’eau envahit l’espace, je sens leur bonheur et je me réjouis pour elles. J’entends presque leurs sœurs au cœur de la forêt tropicale, poussant le long des lianes dans cette atmosphère lourde d’humidité et dense de vie.

Je les baigne une fois par semaine, souvent le dimanche. Je veille à ce que l’eau ne soit ni trop froide ni trop chaude pour que mes baigneuses puissent s’y glisser sans sursaut. Je les laisse s’ébrouer avant de les remettre dans leur pot transparent. Je suis devenue leur gardienne attentionnée.

Longtemps, je n’ai pas réussi à faire refleurir les orchidées. Cela m’attristait. J’avais lu plein de conseils mais rien n’y faisait. Je me refusais du coup à en acheter de nouvelle. J’achète, j’utilise, je jette… impossible de me résoudre à cet utilitarisme de la beauté. Alors, après plusieurs essais infructueux, j’ai préféré ne plus avoir d’orchidées.

Je suis restée ainsi des années, et puis un jour, j’ai trouvé mon guide d’orchidées sur Internet. Un amateur éclairé expliquait dans une vidéo qu’accrochée à sa liane, l’orchidée absorbe la lumière par tout son être… y compris par les racines. Il mettait donc ses orchidées dans un vase TRANSPARENT (en veillant bien à ne pas y laisser d’eau au fond).

Cette idée a changé le cours de mon histoire avec les orchidées. J’ai suivi son conseil, et peu de temps après, j’ai vu une nouvelle tige émergée entre deux feuilles. Quelle joie de voir ce petit bourgeon du début, grandir, grandir, grandir pour former une tige, grandir encore pour former des boutons et un jour s’épanouir en une hampe magnifique. Quel bonheur !

Permettre par sa présence et son soin à la vie de refleurir nourrit le cœur d’une joie intime et profonde. Quelle que soit notre « orchidée » – une plante, un jardin, un lieu, un animal… nous redevenons ainsi les jardiniers attentifs de la vie et versons notre goutte de contribution à sa préservation.

Je vous souhaite beaucoup de bonheur à jardiner vos “orchidées”.

Avec toute mon âmitié,

Emmanuelle

Crédit photos : Pixabay – banque d’images libres de droits

 

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